La France va accueillir et présider la 21ème Conférence des parties dite COP 21 de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2015 (COP21/CMP11). La COP constitue l’organe suprême de la Convention qui se réunit chaque année lors des conférences mondiales où sont prises les décisions en respect aux objectifs de lutte contre les changements climatiques. Cette conférence, qui se déroulera du 30 novembre au 11 décembre 2015, s’annonce comme le plus grand événement diplomatique accueilli par l’Etat français. 40 000 participants sont attendus. Qui sont-ils ? Délégués, représentants de chaque pays, observateurs, membres de la société civile. Autant de personnalités venues du monde entier pour échanger, débattre et se fixer enfin des objectifs en matière de baisse du réchauffement climatique. Des chiffres brûlants l’attestent. Les températures de la (notre) planète Terre augmentent. En guise de preuve, prenons le mois de mars 2015 : il a été le plus chaud depuis le début des relevés de températures en 1880.
Afin de préparer dans les meilleures conditions possibles la tenue de cette conférence internationale, la France a choisi de l’organiser sur le site du Bourget là où habituellement se retrouvent en masse les férus d’aéronautique ou encore ceux pour qui les véhicules de loisirs, type caravaning, est une passion invétérée. Sur le plan logistique, ce lieu présente la meilleure capacité d’accueil et d’accessibilité pour les délégations officielles, mais aussi pour la société civile et les journalistes, qui seront sans nul doute des composantes essentielles au succès de cette manifestation, je l’espère, fortement médiatisée.
Depuis que les questions écologiques préoccupent, disons plutôt semblent préoccuper, les chefs d’Etat, les conférences internationales sur les changements climatiques se succèdent, se multiplient et se ressemblent. L’inaction des chefs d’Etat donne, après chaque clap de fin, un goût amer aux écologistes et aux défenseurs de l’environnement qui, dépités ne peuvent que constater l’échec d’un consensus international aussi minime soit-il pour enrayer le réchauffement climatique. A chaque conférence, comme cela été le cas à Copenhague en 2009 mais aussi toutes celles des années précédentes, nous assistons au même spectacle bien pâle : les dirigeants étatiques s’observent, sans moucheter ni se mouiller, en repartant aussi sec dans leur pays d’origine, valise vidée de tout objectif chiffré.
Mais quels freins ne permettent donc pas une issue favorable à ce genre de conférence ? Le facteur de tension est notons-le clairement la répartition des efforts entre les émetteurs historiques et les jeunes économies dites émergentes qui représentent l’un des points très sensibles de ce genre de négociation (Chine, Inde, Brésil par exemple). En effet, d’un côté les pays riches se fixent de faibles objectifs bien en deçà de leurs possibilités énergétiques, estimant que ses restrictions iraient à contrevent de leur potentiel économique national. De l’autre, les pays émergents bottent en touche affirmant que, si les pays riches ont pollué l’atmosphère durant l’ère industrielle du début du siècle pour favoriser leur développement économique, c’est désormais à leur tour de faire de même. Ces derniers estiment ainsi injuste de les restreindre dans leurs rejets des émissions de gaz à effet de serre jugeant qu’ils en ont besoin pour leur propre développement économique. Chacun son tour.
En 2013, la Conférence de Varsovie a permis de franchir une étape indispensable pour parvenir à un accord universel sur le climat à Paris en 2015 : tous les États devront communiquer leurs contributions, chiffres à l’appui, et proposer les efforts qu’ils comptent engager pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre avant la COP 21 en vue d’une évaluation au premier semestre 2015. Bien entendu, chaque pays irait de sa contribution nationale qui représenterait l’effort que chacun estimerait pouvoir réaliser à son échelle. D’ailleurs, la France souhaite un accord applicable à tous, respectant le principe de différenciation : tous les pays ne sont donc pas également responsables du dérèglement du climat.
Retenons que cette conférence est cruciale. Elle doit aboutir, de façon équilibrée, à un accord international sur le climat qui permettrait de contenir le réchauffement global en deçà de 2° C : ce chiffre a été fixé sur la base des travaux de la COP 20 à Lima, de décembre 2014, en préparation de la COP 21 parisienne de décembre prochain.
Pour cette fin d’année 2015, les pays du monde entier ont l’ultime occasion d’aboutir enfin à un accord universel permettant de lutter efficacement contre le dérèglement climatique et ainsi d’impulser une transition énergétique mondiale vers une société résiliente et sobre en carbone. Car oui, l’objectif est d’atténuer, de baisser, voire même d’éliminer toute émission de gaz à effet de serre craché dans l’atmosphère. Disons-le, l’Homme (et les hommes) est responsable du changement climatique actuel. Pour preuve, le 5ème rapport du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), en version simplifiée, est disponible sur le site leclimatchange.com à la lecture grâce à des graphiques et des explications limpides comme de l’eau translucide.
En organisant cette conférence, la France, pays d’hôte, ne doit-elle pas être exemplaire ? La France devra accueillir les participants dans des conditions de confort optimales tant dans le domaine du transport (le RER de Paris au Bourget par exemple), que dans les conditions de travail optimales ainsi que dans l’hébergement prévu pour l’ensemble des participants. Autrement dit, la tâche est costaude pour la France, véritable chef d’orchestre de cette conférence mondiale. Son objectif premier ? Animer et faciliter les débats entre les pays, gérer les traductions, assurer un fonctionnement transparent du processus de négociation internationale.
A ce propos, 4 pôles ont été crées pour le bon fonctionnement de cette conférence :
– un pôle « accord de Paris » qui comprend des spécialistes en matière de politiques publiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que de programmes d’adaptation aux changements climatiques ;
– un pôle « relations bilatérales et multilatérales » qui suit, en liaison avec le réseau diplomatique français, les initiatives des pays et leurs politiques nationales en matière d’énergie et de climat ;
– un pôle « finances » qui travaille sur les voies et moyens de mobiliser des ressources financières, publiques et privées, en faveur de la lutte internationale contre le dérèglement climatique ;
– un pôle « agenda des solutions » qui suit les initiatives partenariales internationales visant à mettre en œuvre une transition vers des économies résistantes aux évolutions du climat et à bas niveau de carbone.
Ces pôles ont été décidés par un Comité de pilotage ministériel composé notamment des ministres actuels : Ségolène Royal, actuelle Ministre de l’Ecologie du Développement durable et de l’Énergie, de Laurent Fabius, Ministre des Affaires Etrangères et du Développement international, de Michel Sapin, Ministre des Finances et des Comptes publics ou encore de Stéphane Le Foll, Ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt.
Ci-après le message de la Ministre de L’Ecologie présentant les enjeux de la COP 21 à Paris ainsi que « la responsabilité particulière de la France dans ce défi mondial » :
Ce qui est positif, c’est qu’en marge de la conférence diplomatique de la COP 21 développé au niveau étatique, des initiatives développées par les collectivités locales, les organisations de la société civile et les entreprises, appelé l’Agenda des Solutions, amplifient d’ores-et-déjà et vont amplifier encore plus la mobilisation qui viendront s’ajouter aux contributions des Etats. La société civile est déjà entrée en scène grâce à l’éclosion de nombreuses actions et de campagnes de sensibilisations environnementales à l’image du projet Earth Hour du WWF ou encore de My Positive Impact, programme engagé par Nicolas Hulot et sa fondation du même nom. La vidéo de la fondation explique les enjeux de la COP 21 :
On le comprend bien, l’innovation technologique ne suffira pas sans une évolution de nos comportements individuels et collectifs en complément des discussions des Etats qui devront impérativement s’accompagner d’accords concrets et d’initiatives territoriales. L’implication des autres acteurs, que sont les entreprises et les collectivités, sera toute aussi déterminante. Ces dernières sont déjà nombreuses à mettre en place des plans d’actions et de sensibilisation sur leur territoire en préparation de la COP 21.
Nous, parisiens, franciliens, français, européens, terriens, humains, sans nous accuser de tous les maux de la Terre, nous avons un réel rôle à jouer et je sens, au regard des nombreuses initiatives écologiques et solidaires de par le monde, que les choses sont réellement en train de changer. Le travail des petites comme des grosses associations et des ONG est admirable. Qu’elles soient là pour agir, planter, dénoncer, sensibiliser, le train d’une économie verte, sociale et solidaire est sur de bons rails. Et à ceux qui prétendent que cela ne servirait à rien, que foutu pour foutu, disons leur que « les petits ruisseaux font de grandes rivières » et qu’il n’y a pas de petits gestes.
Prouvons que l’écologie est une nouvelle manière de penser et d’agir sans perturber de manière brutale nos habitudes quotidiennes : alimentation, voyages, travail, consommation. Toutes ces actions du quotidien ont des influences sur le climat. Heureusement, il existe des solutions originales et innovantes pour réduire notre impact. Elles ne sont pas une contrainte mais plutôt un joli tremplin vers lequel l’avenir peut rebondir et s’épanouir.
« Le climat est ce à quoi on s’attend, la météo est ce que nous obtenons » Robert Anson Heinlein (écrivain américain)