Par terre la cigarette ? On arrête ?

cigarette

Mademoiselle, vous avez du feu ?
Oui bien-sûr, voilà tenez !
Merci ! Sinon, vous êtes charmante !
Fumer, facilitateur de lien social, est un phénomène de société, c’est certain. Passons le dialogue plus ou moins construit que cet homme aux yeux vitreux va tenir face à la jolie demoiselle, debout à côté de lui, dans le fumoir de la boite de nuit, ce n’est pas l’objet de ce petit papier (non roulé). Ce n’est en effet pas le sujet car nos deux noctambules, tige en bouche, se trouvent en intérieur.
Depuis le 1er janvier 2008, il n’est plus possible de fumer dans les restaurants, les bars ou les boites de nuit. En conséquence, les pros du Zippo n’ont le choix que de sortir pour inhaler les bouffées vaporeuses tant attendues.
Vendredi 22 mai 2015. 00h20. En un regard, les deux amis se comprennent, c’est l’heure de la pause clope, la fameuse. Dilemme ?
Le fumoir ou le trottoir  ?
Le trottoir ! Le fumoir est blindé de ouf, on va être trop serré et l’air est suffoquant.
Un regroupement de fêtards en manque de nicotine s’est déjà formé sur toute la largeur du trottoir empêchant riverains et touristes de circuler. Clope au bec, les deux compères discutent. De la soirée de la veille mais aussi et surtout de celle en cours. Satisfaits du moment partagé, ils écrasent leur mégot tels deux cow-boys sortis tout droit d’un western de Sergio Leone. Pour faire bien aux yeux de la gent féminine ? Par fainéantise ? Probablement des deux. Sur le bitume, les deux petits rectangles oranges viennent compléter la collection déjà bien fournie par leurs congénères désormais aplatis comme des crêpes.
1. Cette loi a le mérite de préserver la saveur de vos plats au restaurant. 2. Sur le dance-floor, elle vous protège de vous brûler la face entre deux pas de danse collé-serré avec votre partenaire du moment. Outre les nuisances sonores extérieures que la législation engendre (c’est tout un chacun de ne pas parler trop fort pour les voisins du 1er étage), cette règle fait tapisser l’espace public, trottoirs et caniveaux, de milliers de sèches. C’est là aussi tout un chacun d’y remédier.
Et c’est possible ! Profitez des cendriers dédiés à cet effet sur les tables extérieures même si vous dérangez quelques secondes un couple fraîchement rencontré via l’application Tinder prêt à conclure : l’environnement avant tout ! Profitez également des éventuels cendriers accolés au mur des bars / discothèques, il y en a de plus en plus d’installés et c’est tant mieux. Autre possibilité, optez pour la poubelle après l’avoir écrasé. Il n’y en a pas à proximité ? Prenez 30 secondes de votre temps pour aller chercher la plus proche. Il y en a forcement une pas loin d’autant plus qu’aujourd’hui, les poubelles, dites Bagatelle, munies d’éteignoirs se généralisent (1 tous les 100 mètres à Paris) : 30 000 sont prévues d’ici l’été 2015. Optez aussi pour le cendrier de poche. La ville de Paris et les buralistes en distribuent. Il n’est pas utile que sur la plage de Deauville, il l’est tout autant en milieu urbain.

bagatelle

Jeter au sol son bout cramé prend ½ seconde. Le ramasser, l’extraire prend bien plus de temps. Coincés dans les bordures de trottoir ou encore dans les grilles des arbres, les mégots (qui limitent la croissance des arbres) peuvent rester ici un bon moment. Ils mettent 4 à 12 ans pour disparaître. En cause ? Leurs substances toxiques incluant des métaux lourds et polluants comme le benzène et le plomb.
Les cadavres en tige jetés dans le caniveau polluent et pas qu’un peu. En moyenne, 1 mégot peut polluer 500 litres d’eau, car difficile à traiter en station d’épuration par opération de dégrillage. Les cigarettes écrasées partent dans les égouts mélangées aux autres détritus jetés par les riverains en manque de civisme. Dans le pire des cas, ils terminent leur vie dans les océans et les rivières.
Un chiffre : 350 tonnes de mégots sont ramassées à Paris par les 6 800 agents de la ville qui, chaque jour, interviennent sur les 2 900 kilomètres de trottoirs et les 1 600 kilomètres de voies. Je reprends le calcul effectué par la ville de Paris : « 47,5 milliards de cigarettes ont été vendues en France en 2013, soit en se fondant sur un prorata de la population 1,6 milliard à Paris. En prenant en compte un poids moyen de mégot compris entre 0,2 et 0,3, on retrouve le poids total de 350 tonnes. Il faut prendre 0,22 g pour obtenir les 350 tonnes). Ce tonnage constitue à priori une estimation basse dans la mesure où Paris est très fréquentée et accueille une population nombreuse, qu’il s’agisse d’habitants, de travailleurs ou de touristes. »
megot
Le 23 mai dernier, la ville de Paris a lancé sa campagne de sensibilisation « Paris fais-toi belle ». Les Parisiens étaient invités à se mobiliser pour un grand nettoyage de printemps aux côtés des agents de la direction de la Propreté. L’objectif de cette opération ?  Informer, impliquer et responsabiliser les riverains à la qualité de l’espace public autour d’un événement participatif, ludique et convivial. L’antenne locale de Paris de l’association Surfrider, qui agit et sensibilise la population sur ce même enjeu, y a contribué. Au total, ce sont plus de 40 000 mégots auxquels s’ajoutent bouteilles en verre, en plastique, emballages alimentaires et journaux, qui ont été ramassés par les bénévoles.

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Parallèlement, de nombreuses affiches seront déployées sur les panneaux d’affichage ainsi que sur certaines bennes à ordures. Un exemple étranger de sensibilisation ? Sur l’île de Hong-Kong, la municipalité traque les fumeurs incivils grâce à leur ADN avec une campagne de sensibilisation en affichant les citoyens coupables d’avoir souillé l’espace public par leur jet de chewing-gums et/ou mégots. Atteinte au respect de la vie privée ? Chacun se fera son opinion.
Alors, adoptons l’éco-geste ! Adoptons-le d’autant plus qu’à partir du mois de septembre prochain, les fumeurs incorrects pourraient être verbalisés d’une amende de 68 euros, contre 35 euros actuellement. Certes les verbalisations sont rares et cela n’a jamais réellement été appliqué dans la capitale mais cela va être rapidement mis en place par des agents dédiés à cette mission.
Pensons aussi aux agents de la ville. Si l’on peut leur éviter cette pénible tâche alors faisons-le pour eux. Faisons-le aussi pour conserver l’image positive de la ville. Autre idée ? Arrêtez de fumer. Ok en soirée vous resterez 4/5 minutes seul à la table face-à-face avec votre mojito mais votre santé vous remerciera.
En milieu montagnard, la problématique est la même. Ci-après, une vidéo de l’association Mountain Riders (qui promeut le développement durable dans les stations de ski), retraçant le trajet d’un mégot jeté dans la nature : 

 

« Si haut qu’on monte, on finit toujours par des cendres » Henri Rochefort (journaliste et homme politique français)
Photos : Ville de Paris

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